La Crise de la Photographie Professionnelle en France : Entre Uberisation et Mépris du Savoir-Faire
Le monde de la photographie professionnelle en France traverse une période tumultueuse. Les causes? L’uberisation du marché et un changement profond dans la perception de la valeur du travail artistique.
L’Uberisation : Une Épine dans le Pied du Photographe
L’uberisation du marché de la photographie a entraîné une dévalorisation significative des tarifs. Des agences telles que Meero, qui offraient autrefois 35€ par séance, ont illustré cette tendance à la baisse des prix. Ironiquement, ce modèle économique insoutenable a conduit à leur propre chute. Cette course vers le bas a inévitablement entraîné une précarisation des professionnels de la photographie.
« 35€ le shoot, une aubaine pour certains, une insulte pour le métier. »
La Culture du Moins Cher : Un Héritage Culturel Français
La France, bercée depuis des décennies par des slogans incitant à « payer moins cher », se trouve aujourd’hui face à un paradoxe. Les consommateurs, conditionnés à rechercher le prix le plus bas, peinent à reconnaître la valeur réelle des services professionnels. En comparaison, aux États-Unis, payer pour un service de qualité est perçu comme juste et nécessaire.
Le Service : Passe-temps en France, Profession aux USA
En France, le service est souvent perçu comme un passe-temps, tandis qu’aux États-Unis, il est valorisé comme un véritable emploi. Cette différence culturelle a des répercussions directes sur la façon dont les photographes sont rémunérés et appréciés.
« En France, un bon service devrait être gratuit, ou du moins ‘pas cher’. Mais à quel prix? »
Les « Faux-tographes » : Une Concurrence Déloyale
Une autre problématique majeure réside dans l’émergence des « faux-tographes ». Ce terme désigne des individus pour qui la photographie n’est pas la source principale de revenus, et qui, de ce fait, pratiquent des tarifs dérisoires. Ces pratiques de sous-facturation créent une concurrence déloyale, dévalorisant encore davantage le métier.
L’Impact des « Faux-tographes » sur le Marché
Ces amateurs bien intentionnés, en sous-facturant des événements tels que les mariages ou les séances de grossesse, contribuent à l’érosion des standards de prix et de qualité dans le secteur.
« Les ‘faux-tographes’, bien qu’innocents dans leur démarche, sont les chevaux de Troie de la dévaluation professionnelle. »
Conclusion : Vers un Avenir Meilleur?
Pour inverser cette tendance, une prise de conscience collective est nécessaire. Il est impératif de revaloriser le métier de photographe, en reconnaissant l’expertise, le temps, et l’investissement matériel requis. Seule une appréciation juste et équitable du travail artistique permettra de restaurer la dignité et la viabilité économique de la profession photographique en France.
« La photographie, un art à réévaluer pour le bien de tous. »
En somme, la situation actuelle des photographes professionnels en France est le résultat d’une tempête parfaite : l’uberisation, une culture de la frugalité, et une concurrence déloyale. Pour redresser la barre, il faudra non seulement un changement d’état d’esprit des consommateurs mais aussi une solidarité accrue au sein de la communauté des photographes. La photographie est un art, une passion, mais c’est avant tout un métier qui mérite respect et juste rémunération.
Photo de couverture : moi-même au festival de Cannes 2015
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